Bref, il fallait trouver un nom de marque – épisode 1
Aujourd’hui, le boss a dit au marketing: «Trouvez moi un nom de marque.» Brigitte a regardé Sophie, Sophie a regardé Bernard. Bernard, lui, il a pensé à ses vacances. Tout est prêt, la com, la stratégie, le pack, mais toujours pas de nom. Alors, on fait un brainstorming. Le brainstorming, au début, c’est sympa. Brigitte, elle a plein d’idées, Sophie, elle a plein d’idées. Mais pas les mêmes. Bernard s’en fout toujours, mais il fait semblant. Alors, lui aussi, il a plein d’idées, mais des idées de vacances. Un moment, Brigitte se met à rire, elle a pensé à un truc mais elle est pas sûre. Elle dit: «J’ai pensé à un truc, mais je suis pas sûre.» Sophie lui dit que c’est pas grave, qu’il faut se lâcher, que toutes les idées sont bonnes. Alors Brigitte balance: «Et si on l’appelait Harmonie.» Elle le dit pas, mais c’est le nom de son chien. Sophie trouve ça nul, mais elle peut pas le dire parce que Brigitte, c’est sa boss. Alors elle dit: «Super.» Bernard, il aime le foot alors il botte en touche: «Faut demander au juridique.» Le juridique débarque et il dit: «Déposé 360 fois, on peut pas.» Brigitte se dit que le juridique, ils sont vraiment trop chiants, mais elle peut pas le dire alors elle dit: «Merci beaucoup pour votre aide.» Sophie est contente et Bernard propose d’appeler une agence. Bref, il fallait trouver un nom de marque. (A suivre)
Bref, il fallait trouver un nom de marque – épisode 2
Sophie a demandé à Bernard s’il connaissait une agence de naming. Bernard a dit non. Brigitte a regardé dans Stratégies, Bernard a regardé sur Internet, Sophie a appelé trois copines. Sur les trois copines, une a dit qu’une nouvelle marque, c’était une galère sans nom, l’autre a dit qu’elle avait entendu parler d’une agence, la troisième a parlé de son maquillage: «J’ai acheté un gloss ultra flash power, trop bien.» Sophie a fait un brief. Brigitte a refait le brief. Bernard a dit: «Très bien ce brief.» Mais il l’a pas lu. Une semaine plus tard, les trois agences ont défilées. L’une a expliqué qu’elle était trop forte, qu’elle avait trouvé des noms célèbres. La deuxième a dit: «Nous, on est pas cher.» Bernard a pensé que cela plairait aux achats. Brigitte a pensé que c’était louche. La troisième agence a parlé pendant deux heures. De sa méthode, de sa passion, de l’importance du juridique et de l’accompagnement: «Le juridique et l’accompagnement, c’est le plus important. » Les agences ont envoyé leurs devis. Comme c’est super urgent, Brigitte a dit: «On va se donner un mois pour bien choisir.» Au bout d’un mois, Brigitte a demandé aux agences de refaire leurs devis parce que, entre-temps, il y a eu du changement. L’agence blindée de références est revenue avec encore plus de références. La moins chère est devenue bénévole. La troisième a gagné. Bref, il fallait trouver un nom de marque. (A suivre)
Bref, il fallait trouver un nom de marque – épisode 3
A l’agence, ils ont décortiqué le brief et souligné les mots clés, en rouge, en vert. Et en jaune. Le créatif 01 a dit qu’il était chaud, qu’il avait déjà plein d’idées. Le boss lui a dit de bien relire le brief: «Détends-toi, relis le brief et laisse mijoter.» Les créatifs 02, 03 et 04 ont dit qu’ils avaient compris le brief. Ils ont fait un brainstorming, deux brainstormings, trois brainstormings. Le boss a redit: «Laissez mijoter.» Du coup, 01, 02 et 04 sont allés manger un pot-au-feu. 03 est resté à l’agence pour manger une salade et faire du yoga. En mangeant le pot-au-feu, 02 a dit que cela lui donnait une super idée: «Ça me donne une super idée.» Les autres n’ont rien dit. Pendant son yoga, 03 a pensé à un truc de fou. Le lendemain, ils ont fait une long list, une medium list. Ils ont discuté. 01 n’était pas d’accord avec 02 et 03 pas d’accord avec tout le monde. Le boss est arrivé, il a dit: «On passe au juridique, faut faire une short list.» Ils ont vérifié les noms de marques, les noms de domaines, les noms de sociétés. Et ils ont dit: «On a pas assez de noms.» Alors ils ont refait des brainstormings, une long list, une medium list, une short list. 04 a fait un doc de présentation, le boss lui a dit de recommencer et il a dit: «Demain, c’est la présentation client.» Bref, il fallait trouver un nom de marque. (A suivre)
Bref, il fallait trouver un nom de marque – épisode 4
Le rendez-vous est à 15 heures. Sophie est prête. Brigitte a un truc à finir. Bernard repose son catalogue de voyages. 15h20, début de la réunion. L’agence explique la méthodo, la stratégie, les axes de recherches. Dans sa tête, le boss de l’agence les entend crier: «Les noms, les noms, les noms.» Alors, il abrège. Présentation du premier, du deuxième et ainsi de suite pendant quinze pages. Au nom numéro 12, Bernard a regardé Brigitte comme si elle s’était transformée en pomme d’amour. Il aime bien le n°12. Mais il est sage, il attend la fin. Et, surtout, il attend que sa boss aime le n°12. Fin de la présentation et tour de table. Sophie commence: «J’aime bien l’idée du 4, mais pas le nom.» Le boss de l’agence rappelle qu’il faut éviter les «j’aime, j’aime pas». Mais quand Brigitte dit qu’elle aime le 6, le 8 et le 11, il est d’accord. Bernard change d’avis, ce n’est plus le 12 qui lui plaît, mais le 11, «plus conforme à la stratégie internationale du sujet». Sur cette remarque, il se dit qu’il a marqué des points. Sophie lance une idée de nom. Le boss de l’agence lui dit qu’il est très bien, mais qu’il est déposé par un concurrent. Puis il explique qu’il faut se laisser du temps, qu’il s’agit là de réactions à chaud. Il dit: «Laissez mijoter.» Brigitte lui demande de retravailler certaines idées, il est OK. Ensuite, on en reparle, par téléphone, par Skype, par mails, par SMS. Bref, il fallait trouver un nom de marque. (A suivre)
Bref, il fallait trouver un nom de marque – fin.
A l’agence, on retravaille certains axes. Le boss répète à 01 et 02 qu’il faut dire la même chose. Mais autrement. Brigitte appelle et dit que le sujet commence à être très urgent, que l’agence de Pack attend le nom. Le boss de l’agence rappelle qu’il y en a trois dans la liste qui sont bien, que le juridique confirme que c’est ok. Brigitte, Sophie et Bernard se retrouvent autour de la table avec cinq nouveaux noms. A chaud, ce n’est pas facile. D’autant qu’ils se sont habitués à la première recherche. Brigitte demande à l’agence de vérifier si les finalistes n’évoquent pas «connard en russe, crotte de chien en italien ou petit testicule en suédois». Mais elle dit: «Merci de passer au Linguistic checks». Au final, il en reste deux, vu que le nom n°8 fait penser à «petite tête» en polonais. Brigitte, Sophie, Bernard et le boss de l’agence discutent. Le boss de l’agence explique qu’un nom ne peut pas tout dire à lui tout seul. Que la com devra faire le reste. Il reprend l’exemple d’Apple: «Le nom Apple n’évoque pas l’innovation, l’informatique, le design et la téléphonie mobile.» Bernard n’est pas d’accord; pour lui, une pomme ça évoque un ordinateur. Brigitte est d’accord avec le boss de l’agence, elle choisit le nom. Sophie est d’accord et Bernard va partir en vacances. Mais plus longtemps que prévu. Bref, on a trouvé un nom de marque. (Fin)