Nous entendons chaque jour que nous ne pouvons plus rien dire qui ne soit pas politiquement correct. Qu’en est il dans la sphère de la création de noms de marques ?
Lorsque l’on cherche un nom pour désigner sa société, son produit, son service, il arrive que le nom trouvé soit décortiqué dans tous les sens, analysé, découpé en morceau. On le teste comme le mannequin le futur Airbag d’une voiture projeté dans un mur à grande vitesse. Résultat : on voit dans le nom ce que personne ne verra une fois qu’il sera devenu un peu plus, un peu mieux : une marque.
Dans la longue liste des remarques entendues, florilège : « On ne peut pas prendre le nom Violoncelle, il il y a viol dans violoncelle ». Ça c’est pour le nom que l’on décompose. Autre travers : l’inculture : « Il faut changer le nom de notre société Sextant, les candidats pensent que ce mot qui désigne un instrument de navigation évoque un métier en rapport avec le sexe ». La pression des réseaux sociaux qui aboutit au changement du rhum « Plantation » dont l’origine est pourtant bien en lien avec le fait de cultiver une plante sans lien avec les plantations dans lesquelles travaillent les esclaves. Tous les mots qui contiennent « Black » sont…blacklistés par peur de la polémique comme si le mot ne faisait pas avant tout référence à une couleur avant d’être la couleur d’un individu.
Autres exemples en vrac : « Persévérance » perçu comme un défaut. « Déferlante » jugé trop violent et de manière générale tout ce qui touche à la notion de force à laquelle l’époque préfère les noms plus doux censés être plus féminins, la plupart du temps se terminant par la lettre A.
Ainsi le champ des possibles se réduit comme neige au soleil au risque de voir les marques dire toutes la même chose de la même manière combinant et recombinant les anglicismes positifs de l’époque : « Smile, Cool, Happy, Easy etc ».
Le dictionnaire perd ses lettres de noblesse, des mots sont gommés par une forme de peur généralisée, d’une crainte disproportionnée, d’une méconnaissance souvent de leur définition. Peut être qu’un jour prochain, un collectif autoproclamé demandera par pudeur de supprimer définitivement la lettre Q.